Depuis le 31 décembre 2024, le gouvernement béninois a officiellement interdit l’importation de poulets congelés. Une mesure audacieuse qui vise à promouvoir la production locale, réduire la dépendance alimentaire et dynamiser l’économie avicole nationale. Cependant, les défis à relever restent nombreux pour atteindre l’autosuffisance.
Une décision stratégique pour l’économie locale
Cette interdiction, annoncée dès 2023 par le ministre de l’Agriculture et de l’Élevage, Gaston Dossouhoui, découle d’années de concurrence déloyale. Le Bénin importait près de 100 000 tonnes de volaille par an, avec des prix imbattables autour de 1 200 FCFA le kilogramme. En comparaison, la production locale coûte près de 2 000 FCFA par kilo, rendant les investissements dans l’élevage peu attractifs.
L’objectif principal de cette mesure est de stimuler la filière avicole nationale. En ciblant particulièrement les poulets de chair, l’État souhaite miser sur une production rapide et rentable pour combler les besoins nationaux.
Des initiatives pour renforcer la filière avicole
Pour accompagner cette transition, une stratégie nationale a été mise en place en collaboration avec les associations d’éleveurs. Elle inclut :
Le renforcement des infrastructures : couvoirs, unités de production d’aliments et structures de distribution.
La mécanisation des exploitations : plusieurs producteurs investissent dans des équipements modernes pour augmenter leur capacité.
Le soutien financier : des microcrédits permettent aux éleveurs d’augmenter leurs volumes de production.
Les anciens importateurs sont également invités à se réorienter vers la distribution locale en utilisant leurs infrastructures existantes.
Des défis majeurs à surmonter
Malgré ces efforts, plusieurs obstacles freinent encore la filière :
1. Le coût élevé de l’alimentation animale, qui pèse sur les charges des producteurs.
2. L’insuffisance des infrastructures d’abattage pour traiter des volumes plus importants.
3. La faible production locale, encore embryonnaire, ne couvre pas la demande nationale.
4. Le manque de grands groupes de production capables de produire en masse.
Des experts doutent que les objectifs soient atteints dès 2025. Ils estiment que des investissements plus massifs et une meilleure coordination sont nécessaires pour transformer la filière.
Perspectives à long terme
L’ambition du gouvernement est claire : atteindre une couverture de 70 % des besoins nationaux en viande, lait et œufs dans les prochaines années. Si la production d’œufs a déjà atteint cette couverture, l’élevage de poulets de chair reste en phase de développement.
Cette interdiction marque néanmoins une étape importante pour la souveraineté alimentaire du Bénin. Si les défis sont nombreux, la mobilisation des acteurs, les investissements ciblés et l’implication des anciens importateurs pourraient faire de cette initiative une réussite durable.
En somme, le Bénin s’engage sur la voie de l’autosuffisance, mais le succès dépendra d’un soutien continu aux producteurs locaux et d’une coordination renforcée des efforts nationaux.