Le président Patrice Talon a dévoilé, lors du Conseil des ministres de ce mercredi 11 décembre 2024, la liste tant attendue des 12 ministres conseillers, ouvrant ainsi une nouvelle page dans sa stratégie de gouvernance. Ce collège de personnalités politiques issues des partis de la mouvance a pour mission de renforcer l’efficacité de l’action gouvernementale tout en consolidant les bases électorales de la majorité présidentielle.
Un rôle clé dans la gouvernance
Le Collège des Ministres Conseillers se voit confier plusieurs responsabilités stratégiques :
1. Définition de la politique gouvernementale : Ces personnalités, riches de leur expérience politique et de leur ancrage local, participent à l’élaboration des grandes orientations sectorielles et à la préparation des politiques publiques.
2. Suivi des actions gouvernementales : Sur le terrain, ils veillent à la bonne exécution des projets et réformes initiés par le Programme d’Actions du Gouvernement (PAG), comblant ainsi l’écart entre la planification et la mise en œuvre concrète.
3. Conseils stratégiques : Grâce à leur connaissance approfondie des réalités locales, ils fournissent au chef de l’État des analyses pragmatiques pour affiner les prises de décision.
4. Représentation dans les instances gouvernementales : Présents dans les réunions interministérielles et autres activités stratégiques, ils facilitent la coordination des ministères et agissent comme des relais efficaces entre l’exécutif et les acteurs locaux.
Un équilibre entre technocratie et politique
Ce collège marque un retour significatif des hommes et femmes politiques dans la gestion publique après une période dominée par des technocrates. Parmi les promus figurent des figures de renom telles que Claudine Prudencio, Sèdami Médégan Fagla et Jacques Ayadji, mais aussi des acteurs de proximité comme Rachidi Gbadamassi et Janvier Yahouédeou. Ce mélange de profils vise à associer expertise technique et pragmatisme politique, garantissant ainsi une gouvernance plus inclusive et mieux ancrée dans les réalités locales.
Un enjeu électoral évident
Au-delà des responsabilités institutionnelles, ces nominations ont également une portée politique. En intégrant des figures influentes des zones électorales stratégiques, Patrice Talon semble préparer le terrain pour les élections générales de 2026. Avec l’exigence du seuil de 20 % des voix par circonscription pour obtenir des sièges, cette stratégie vise à renforcer la présence des partis de la mouvance dans les zones où ils étaient jusque-là fragiles, notamment dans les départements du Borgou, des Collines et du Zou.
Une faible représentativité féminine
Cependant, un point suscite des interrogations : la parité. Avec seulement trois femmes sur les 12 nommés, cette composition contraste avec les efforts antérieurs du président pour promouvoir l’inclusion des femmes dans les hautes sphères de décision. Bien que des personnalités comme Claudine Prudencio et Mariam Djaouga Sacca portent cet étendard, leur faible nombre pourrait être perçu comme un recul par rapport aux avancées enregistrées dans d’autres domaines, notamment au Parlement où les femmes occupent désormais près de 30 % des sièges.
Vers une gouvernance hybride et pragmatique
En somme, le Collège des Ministres Conseillers se positionne comme un levier stratégique pour dynamiser la gouvernance et préparer l’avenir politique du Bénin. Ce dispositif, à la croisée des intérêts institutionnels et électoraux, pourrait s’avérer déterminant dans la consolidation des acquis du régime Talon. Reste à voir si cette nouvelle alchimie saura répondre aux attentes des citoyens tout en préparant efficacement les échéances à venir.