L’adoption du budget de l’État pour l’exercice 2025 par l’Assemblée nationale du Bénin, ce jeudi 5 décembre 2024, met en lumière une profonde division entre la majorité présidentielle et l’opposition, en particulier le groupe parlementaire Les Démocrates. L’analyse de ce vote révèle plusieurs enjeux politiques et socio-économiques, tout en offrant une perspective sur la dynamique parlementaire actuelle.
La division entre majorité et opposition
Le budget a été adopté par 81 voix favorables contre 28 défavorables, une nette majorité de la mouvance présidentielle, mais une opposition clairement exprimée par Les Démocrates, qui s’opposent à ce projet. Ces derniers, notamment à travers des voix comme celle de Habibou Woroukoubou, expriment une critique acerbe sur la gestion des priorités par le gouvernement, en particulier dans les secteurs cruciaux comme l’agriculture, l’énergie, et la santé. L’argument central de l’opposition réside dans le fait que ce budget, malgré une augmentation significative (11 %) par rapport à l’exercice précédent, ne semble pas répondre aux défis structurels et immédiats du pays, notamment les besoins sociaux pressants des populations vulnérables.
De plus, Les Démocrates s’inquiètent de l’augmentation de la dette publique, estimant que l’endettement à hauteur de 52,4 % du PIB pourrait précipiter le pays dans un cycle de surendettement, limitant ainsi la marge de manœuvre économique à long terme. Ces critiques mettent en lumière une opposition fondée sur la vision d’une gestion économique plus équilibrée et axée sur le bien-être des citoyens plutôt que sur des projets d’infrastructures qui, selon eux, ne sont pas la priorité immédiate.
La position de la majorité parlementaire
De l’autre côté, la majorité parlementaire, dont Oumarou Lafia Boubakari est un porte-parole notable, défend ce budget comme étant un levier pour le développement économique du Bénin. L’honorable Boubakari justifie par exemple son vote en mettant l’accent sur les investissements dans les infrastructures routières, qu’il considère comme essentielles pour la croissance économique et l’amélioration des conditions de vie dans les zones rurales. Il évoque également l’importance de l’entretien des pistes rurales pour désenclaver les régions périphériques du pays. Sa position reflète un soutien clair à la politique de développement par les infrastructures mise en place par le gouvernement, une vision qui fait écho aux priorités de la présidence actuelle.
En outre, les députés de la majorité estiment que ce budget constitue un acte fondamental pour la lutte contre la pauvreté, l’amélioration des conditions de vie des citoyens et la promotion d’un développement durable. Selon eux, les dépenses allouées aux secteurs sociaux, telles que les soins gratuits pour 12 000 Béninois dans le cadre du programme ARCH, sont un signe tangible de l’engagement du gouvernement envers les plus démunis.
Perspectives politiques
Ce vote met en évidence non seulement une division idéologique entre la majorité et l’opposition, mais aussi une divergence sur les priorités de développement. Tandis que la majorité semble privilégier un développement infrastructurel, l’opposition plaide pour une réorientation des priorités vers une transformation plus profonde des secteurs sociaux et économiques. Ce clivage reflète une différence de vision sur l’approche à adopter pour le développement du pays et sur la manière d’affronter les défis économiques immédiats.
À long terme, ce débat pourrait influencer les choix politiques et économiques à venir, en particulier en période électorale, où chaque groupe cherchera à convaincre les électeurs de sa capacité à répondre aux attentes populaires. La question de la dette publique et des priorités sociales sera sans doute un sujet de débat majeur pour les prochaines élections législatives et présidentielles.
Si le gouvernement défend le budget comme un instrument de croissance et de développement, l’opposition critique son insuffisance face aux défis sociaux. Ce clivage politique est emblématique des débats sur la gestion de la gouvernance économique au Bénin, avec des implications directes pour les politiques publiques à venir.